AISNE NOUVELLE JEUDI 21 OCTOBRE 1982
Inauguré dimanche une stèle perpétuera le souvenir
du char « Le Glorieux » détruit en défendant
le pont de l’Oise
La semaine dernière, une
cérémonie se déroulait près du pont sur l’Oise,
sur la route reliant Moy-de-1' Aisne à Brissy-Hamégicourt,
afin de marquer la pose d'une stèle rappelant un acte de bravoure,
mais aussi tragique, survenu en ce lieu il y a 42 ans.
L'inauguration officielle
de ce monument a eu lieu dimanche en présence de nombreuses personnalités
venues de l'ensemble du département parmi lesquelles on remarquait:
M. O'Mahony, directeur du cabinet du préfet, M. Godard. Président
du conseil général, M. Braconnier. Sénateur. M. Le
Meur. Député-maire de Saint-Quentin. M. Lahire. Conseiller-général,
le colonel Gamache. délégué militaire départemental.
M. Puisieux. Maire de Moy-de-1'Aisne, ainsi que les représentants
des différentes associations patriotiques et d'anciens combattants,
dont M. Catherin. Président des Chars et Blindés de l'Aisne,
ainsi que les porte-drapeau.
Office religieux
A l'issue de l'office religieux
célébré en l'église de Moy-de-l'Aisne par M.
l'abbé Bourdet aumônier militaire, les personnalités
accompagnées de nombreux habitants de la commune se rendirent près
de la stèle devant laquelle la musique du 8ème Régiment
d’infanterie / 22" RMT et un détachement du 4ème Régiment
de Hussards placé sous le commandement du lieutenant-colonel de
la Bourdonnaye avaient pris position. .
Le char le plus puissant
Face au monument sur lequel
avaient été apposées quelques photographies prises
peu après l'attaque qui coûta la vie à trois soldats
français, M. Charles Bezançon, qui, à l'époque,
combattait dans le secteur, lu un récit des faits tels qu'ils furent
rapportés par le lieutenant-colonel Poupart qui, en 1940 commandait
la 3ème Compagnie du 8ème B.B.C.
Le 17 mai 1940, le
char « Glorieux » était détruit par l'ennemi
en défendant ce pont de l'Oise. Trois hommes de l'équipage
étaient tués à leur poste. Il s'agissait de Dumonteil,
le pilote, Pillas, l'aide pilote et Chavanon, mécanicien de bord
et chargeur du canon de 47 de tourelle. « Tous les trois étaient
étroitement unis avec le sous-lieutenant Monier (chef de char) et
le caporal-chef Desgranges (radio) par cet «esprit d'équipage
» bien connu dans les chars.
Et comme toute ma
compagnie, il avaient la plus grande confiance dans leur char, ce char
B1 bis qui passait alors pour le plus puissant du monde. Aussi leur moral
ne fut pas ébranlé lorsqu'ils se rendirent compte brusquement
le 16 mai, que la situation militaire était très grave, au
point que leur compagnie avait été disséminée
sur plus de 15 km pour défendre les ponts de l'Oise, face à
la ruée des blindés allemands.
Mission anormale pour des chars que je m'étais efforcé
en vain de faire modifier. Du moins avais-je reçu l'assurance du
général Delestraint que le lendemain je serai relevé
de cette mission. Mais en attendant il fallait tenir sans esprit de recul.
L'ordre de repli arriva
en effet 1e 17 en cours de matinée, et permit de récupérer
la majorité de mes chars durement touches déjà par
l'ennemi. Mais trop tard alors pour le « Glorieux » pris à
partie dès l'aube par des blindés ennemis de plus en plus
nombreux et de plus en plus lourds. A la fin, succombant sous le nombre,
son blindage chauffé au rouge sous les coups reçus provoquait
l'explosion des réservoirs d'essence puis des munitions.
L'équipage à demi asphyxié et profondément
choqué tenta de sortir du char en feu, mais ce fut pour tomber à
l'extérieur sur les tirs nourris d'armes automatiques... Seul le
chef de char et le radio purent, en rampant atteindre la route où
ils furent recueillis et ranimés par des réfugiés.
Les 3 autres étaient tués sur place.
Plus tard, lorsque
les Allemands firent enterrer les morts auprès du char incendié,
il n'y avait plus que 2 corps, ceux de Dumonteil et Chavanon. Celui de
Pillas n'a pas été retrouvé. Peut-être est il
mort dans un poste de secours voisin et faute de pièces d'identité,
a-t-il été enterré quelque part comme «Français
inconnu » ? La famille de Pillas, qui n'a pas eu la consolation de
pouvoir se recueillir sur une tombe, était dimanche, à la
cérémonie, devant la stèle où figure désormais
le nom de ce jeune réserviste marié et père de famille
disparu dans la force de l'âge. Citant les propos du lieutenant-colonel
Poupart M. Bezançon conclut:
«Nos camarades sont tombés un jour
de défaite et leur sacrifice n'a pas empêché la déroute
finale, mais, comme 1es 120 000 morts de 1940 ils ont sauvé l'honneur.
Ici dans l'Aisne, terre d'invasion, on l'a compris, que ce soient les anciens
combattants des chars avec leur dynamique président M. Catherin,
ou les habitants de Moy-de-1'Aisne avec leur maire. Et cette émouvante
cérémonie, rehaussée par la présence de toutes
les autorités civiles et militaires, témoigne qu'ici on comprend
bien la belle devise du Souvenir Français:
«A NOUS LE SOUVENIR. A EUX L’IMMORTALlTE»
Après que M. O'Mahony
se soit associé à cet hommage, il fut procédé
à un dépôt de gerbes.
L’UNION 19-X-82
Le 17 mai 1940, le char «
Le Glorieux » tombait sous les coups de l’ennemi
A la sortie du village, sur
la route de Brissy-Hamégicourt, devant le pont de l'Oise, se dresse
le monument dédié au char « Glorieux » du 8e
bataillon de chars de combat qui avait été inauguré
de façon très discrète (pour cause d'élections
présidentielles) aussitôt sa construction terminée
en mai 1981. On s'était. promis de refaire les choses en grand,
c'est ce qui s'est produit dimanche.
La journée a débuté
par un office religieux célébré à l'église
de la paroisse par l'abbé Bourdet, aumônier militaire, avec
la participation de la musique du 8e R.I./22e R.M.T.
La cérémonie d'inauguration de la stèle, prévue
pour 11 h 15, commença avec une certaine avance devant un détachement
du 4e régiment de hussards placé sous le commandement du
lieutenant-colonel de la Bourdonnaye. Les personnalités s'étaient
également rassemblées à cet endroit: M. Puisieux,
maire de la commune, M. Godard, président du conseil général,M.
O'Mahony, directeur du cabinet du préfet, M. Jacques Braconnier,
sénateur, Daniel Le Meur, député-maire, Lahire, conseiller
général, le colonel Gavache, délégué
militaire départemental, ainsi que de très nombreux représentants
d'associations patriotiques et d'anciens combattants dont M. Catherin,
président des chars et blindés de l'Aisne, ainsi que de très
nombreux représentants d'associations patriotiques et d'anciens
combattants.
Ce char a une histoire qui
fut consignée par le lieutenant-colonel. Poupart qui, en 1940, avec
le grade de capitaine, commandait la 3ème compagnie du 8" B.C.C.
Ce texte devait être lu à Moy-del'Aisne par M. Charles Bezancon
Qui retraça pour les personnes présentes l'épisode
malheureux pour les armes françaises du char « Glorieux ».
C'est le 17 mai 1940 que
le char « Glorieux» fut détruit par l'ennemi et trois
hommes de son équipage tués en défendant le pont de
l'Oise. Ils s'appelaient Dumonteil, Pillas, Chavanon, tous trois excellents
soldats étroitement unis avec le sous-lieutenant Monier, chef de
char et le caporal-chef Desgranges, radio, par cet esprit d'équipage
bien connu dans les chars. Voyons ce que nous conte le capitaine Poupart
:
« Comme toute ma compagnie, ils avaient la plus grande confiance
dans leur char, ce char B1 bis, qui passait alors pour le plus puissant
du monde.
Aussi leur moral ne fut
pas ébranlé lorsqu'ils se rendirent compte brusquement, le
16 mai, que la situation militaire était grave, au point que leur
compagnie avait été disséminée sur plus de
15 kilomètres pour défendre les ponts de l'Oise face à
la ruée des blindés allemands. Mission anormale pour des
chars que je m'étais efforcé en vain de faire modifier. Du
moins j'avais reçu l'assurance du général Delestraint
que le lendemain je serai relevé de cette mission. Mais en attendant
il fallait tenir sans esprit de recul.
L'ordre de repli arriva
le 17 mai, en cours de matinée, et permit de récupérer
la majorité de mes chars durement touchés par des blindés
ennemis de plus en plus nombreux et de plus en plus lourds. A la fin, succombant
sous le nombre blindage chauffé au rouge sous les coups reçus,
provoquait l'explosion des réservoirs d'essence puis des munitions.
L'équipage, à demi asphyxié et profondément
choqué, tenta de sortir du char en feu, mais ce fut pour tomber
à l'extérieur sur les tirs nourris d'armes automatiques.
Seul le chef de char et le radio purent, en rampant, atteindre la route
où ils furent recueillis et ranimés par des réfugiés.
Les trois autres étaient tués sur place ».
Plus tard, lorsque les Allemands
firent enterrer les morts auprès du char incendié, il n'y
avait plus que deux corps, ceux des soldats Dumonteil et Chavanon. Celui
du soldat Pillas n'a pas été retrouvé. Peut-être
est-il mort dans un poste de secours voisin et faute de pièces d'identité,
a-t-il été enterré quelque part comme « Français
inconnu» ?
Sa famille, qui n'a pas eu la consolation de pouvoir se recueillir
sur une tombe, était présente à la cérémonie,
devant la stèle qui porte le nom du jeune soldat.
Et le lieutenant-colonel
Poupart de conclure par la bouche de M. Bezancon : « ...Nos camarades
sont tombés un jour de défaite et leur sacrifice n'a pas
empêché la déroute finale, mais comme les 120.000 morts
de 1940, ils ont sauvé l'honneur. Ici, dans l'Aisne, terre d'invasion,
on l'a compris comme on a compris la belle devise du Souvenir Français
: A nous le souvenir, à eux l'immortalité ».
Après un dépôt
de gerbes au monument aux morts, les personnalités civiles et militaires
furent conviées à un repas organisé par le 4ème
régiment de hussards tandis que la musique du 8ème
R.I. défilait dans les rues de la commune.

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